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Colloque plantes fourragères du CRAAQ

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Marc Montpetit, agronome
 

Le 20 février dernier s’est tenu le colloque plantes fourragères du CRAAQ 2020.  Voici un résumé de deux conférences qui ont attiré mon attention.  Les propos tenus dans cet article sont tirés de mes notes personnelles, des résumés de conférences et des présentations des conférenciers.

 

Bénéfices des plantes fourragères pérennes pour nos écosystèmes agricoles, par Marie-Noëlle Thivierge, agr., Ph.D.  Agriculture et Agroalimentaire Canada.

 

Les plantes fourragères pérennes participent de plusieurs façons à l’amélioration de la santé des sols.  Les plantes fourragères captent l’énergie solaire sur une plus grande période que les cultures annuelles.  La majeure partie des l’énergie et des sucres produits lors de la photosynthèse, sont exportés vers les racines pour favoriser la survie à l’hiver.  Une portion de cette énergie et de ces sucres sont transférés aux micro-organismes présents dans la rhizosphère (zone située au pourtour des racines) via les exsudats et le renouvellement racinaire. L’énergie solaire ainsi accessible stimule les micro-organismes, qui à leur tour contribues à faire augmenter la teneur en carbone et en matière organique.  L’augmentation de ces teneurs a des effets positifs sur la productivité, la biodiversité et la résilience du système agricole.

En plus de stimuler les échanges, l’abondance du système racinaire permet d’améliorer la structure du sol, notamment en favorisant l’agrégation des particules, la porosité (aération) et l’infiltration de l’eau.

 

Le transfert des produits de la photosynthèse vers les racines permet aussi de stocker du carbone dans le sol lors de la phase de renouvellement des racines.  Ce carbone, transférer au sol via les racines est plus susceptible de rester stocker dans le sol que celui apporté via les parties aériennes de la plante. Le carbone stocké dans les sols couverts de plantes fourragères pérennes représente 20% du carbone stocké dans les sols de la planète.

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La couverture de sol produite par les plantes fourragères permet d’améliorer la qualité de l’eau en limitant les pertes de sol par érosion, tant hydrique qu’éolienne.  À cette protection physique s’ajoutent une meilleure infiltration des eaux de surface et une utilisation limitée des pesticides, facteurs contribuant aussi à l’amélioration de la qualité de l’eau.

Les plantes fourragères, comme elles constituent un milieu peu ou pas dérangé durant plusieurs années, favorisent la biodiversité tant au niveau des petits mammifères, des insectes, que des micro-organismes.  Tous ces êtres vivants jouent un rôle dans les différents cycles (recyclage des éléments nutritifs, minéralisation de la matière organique, cycle du carbone, résistance aux pathogènes).

Résilience et adaptation des systèmes fourragers face aux changements climatiques, par Valentin D. Picasso Risso, Ph.D. University of Wisconsin.

Face aux changements climatiques à venir, M. Picasso propose de vulgariser les concepts de stabilité et de résilience des systèmes agricoles (plantes fourragères dans ce cas-ci), qui majoritairement sont orientés vers une maximisation de la productivité.

M. Picasso décrit un système agricole durable de la façon suivante, en mettant un accent sur les points en caractères gras :

  • Productif : rendement moyen / unité de temps

  • Efficace : diminution des intrants

  • Stable : variabilité minimale / unité de temps

  • Résilient : capacité à supporter une crise (résistance) ET capacité à se remettre après une crise (récupération)

  • Flexible : adaptable

  • Fournis des services environnementaux : sols, eau, biodiversité

 

Il propose différentes stratégies pour améliorer la résilience et la stabilité.

 

Choix des cultivars et des espèces

 

Les changements climatiques (température extrême, couverture de neige moins abondante, augmentation des périodes de gel et dégel) imposent l’utilisation de cultivars qui devront être simultanément résistants à la chaleur et dotés d’une meilleure rusticité face à l’hiver.  À cela s’ajoutera la pression des maladies et des insectes.  La tolérance à ces différents facteurs diffère en fonction des espèces.   La sélection génétique est un élément majeur dans le développement de variétés résilientes.  Voici des exemples présentés.

Tolérance aux températures sous le point de congélation (du plus résistant au plus vulnérable)

  • Trèfle Kura > lotier corniculé > luzerne > trèfle rouge

  • Fléole des prés > brome inerme > alpiste roseau > fétuque élevé > dactyle > ray-grass

 

Tolérance à la sécheresse (du plus résistant au plus vulnérable) 

  • Luzerne > trèfle Kura > trèfle rouge > lotier corniculé > trèfle blanc

  • Brome inerme > fétuque élevée > alpiste roseau > dactyle > fléole des prés > ray-grass

 

Mélanges fourragers

 

Les mélanges, comparativement aux monocultures

  • Assurance si conditions climatiques extrêmes

  • Augmentation du rendement

  • Augmentation de la qualité

  • Saison de croissance prolongée

  • Diminution des besoins en azote (légumineuses)

  • Amélioration de la qualité des sols

  • Diminution de l’incidence des mauvaises herbes

 

Chaque espèce du mélange apporte un avantage en fonction des conditions climatiques.

 

Gestion de la récolte

 

M. Picasso souligne aussi l’importance de gérer efficacement et adéquatement la récolte des fourrages, c’est-à-dire de laisser au moins 6 semaines entre la dernière coupe et le premier gel mortel afin de favoriser l’accumulation de réserve dans les racines ainsi que d’ajuster la hauteur de fauche à 25 cm (10 pouces) pour permettre une accumulation de neige adéquate pour la survie à l’hiver.

 

Culture à double usage

Il a aussi été question des cultures à double usage, tel que le kernza, une céréale vivace.  Le kernza permet d’avoir tous les avantages des plantes vivaces (amélioration de la santé des sols, stimulation des micro-organismes, stockage du carbone, amélioration structurelle du sol, couverture permanente) tout en permettant une récolte de grains et de paille.  En plus des avantages déjà décrits, de telles cultures peuvent aussi servir de fourrages d’appoint en cas de crise.  De tels cultivars sont toujours en développement afin de les adapter au climat canadien.

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Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter votre conseiller/ère.

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