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Les matières résiduelles fertilisantes (MRF)

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Sara-Ève Déry, agronome
 

Mise en contexte

Recyclage, récupération, réutilisation, compostage, diminution du gaspillage, énergies vertes sont des termes que nous entendons de plus en plus souvent. Au Québec, il existe un plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques afin de diminuer les gaz à effets de serre (GES). Citoyens, entreprises privées, municipalités, organismes gouvernementaux sont tous interpellés afin d’apporter leur contribution pour atteindre les objectifs mondiaux d’émission de GES, à savoir des émissions qui seraient au moins 30 % inférieures à celles de 2005 d'ici 2030. [i]

Plusieurs stratégies ont été adoptées afin de diminuer l’émission de GES. Entre autres, réorienter certains déchets vers un autre endroit que les fameux dépotoirs (lieux d’enfouissement sanitaires). Il faut comprendre que la décomposition de matières enfouies en absences d’oxygène résulte à la formation de méthane, un gaz 21 fois plus dommageable que le CO2.[ii] Et ce, sans compter le transport des déchets, qui peut être sur de très grandes distances.

Plusieurs recherches et essais terrain ont été effectuées pour trouver une 2e vie à ces produits qui se retrouvaient au dépotoir. Il est ressorti que l’agriculture est une des solutions envisageables. En plus d’avoir un effet bénéfique sur les cultures du Québec, il permet de disposer d’un volume important de matière à recycler. Ce qui était avant un déchet est maintenant une opportunité de fertiliser les cultures. Afin d’encadrer cette pratique agricole et les professionnels qui travaillent avec les MRF, le « Guide sur le recyclage des matières résiduelles fertilisantes » a été créé. Des normes et critères ont été élaborés en ce qui a trait aux contaminants, pathogènes, odeurs et corps étrangers afin d’éviter que l’utilisation de MRF nuise à la récolte en cours ou à venir.

On divise les MRF en 4 grandes catégories.[iii]

Biosolides :

Habituellement nommées « boues d’épuration », ils proviennent de traitement des eaux usées municipales ou industrielles, ainsi que les boues de fosses septiques. Utilisés comme amendements du sol ou fertilisant (N-P-K), ils peuvent être épandus sous forme solide ou liquide avec des équipements conventionnels agricoles.

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ACM :

Les amendements calciques et magnésiens sont principalement des produits permettant d’élever le pH d’un sol. On retrouve dans cette catégorie les cendres, poussières de cimenteries, boues de chaux de papetières, coquille d’œuf et tout autre produit similaire. 

Compost :

Le compost est un produit stabilisé issu d’un traitement de matières organiques. Il peut être réalisé de manière plus « industrielle » près des centres urbains. On retrouve aussi des composts à la ferme, où les normes sont un peu différentes selon le volume de production. On recommande de le faire dans des structures étanches. Cependant, le compostage au sol est toléré, en respectant certaines normes. Ce procédé peut être fait avec plusieurs produits de la ferme tels que du foin, du fumier, de la paille ou de la ripe. Il est également possible de composter certains animaux morts, tels que la volaille, le porc, l’ovin et la chèvre, sous certaines conditions. Dans certains cas, cette pratique demande un permis émis par le MAPAQ. Finalement, on retrouve également des composts de résidus de légumes, tel que résidus de pommes de terre. 

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Litière : 

Avec l’augmentation des prix de résidus forestiers, l’innovation s’est développée dans le domaine de la litière pour les animaux de ferme. Ainsi, plusieurs matières non traditionnelles ont commencé à être utilisées : compost de résidus urbains, biosolide de papetières, biosolide primaire de désencrage, différents produits de récupérations du bois. Certains documents ont été réalisés ou le seront prochainement pour encadrer l’utilisation de bois contaminé (vernis, colle, peinture, MDF, HDF), ces produits ne pouvant être utilisés comme litière animale.

Il est important de retenir que les produits de ferme ne sont pas des MRF. Cette catégorie comprend entre autres les déjections de la ferme, de transport, d’abattoirs, les résidus végétaux, les eaux de laiterie et le lait résiduel, la litière traditionnelle comme la paille, la ripe de bois sans traitement chimique.

 

En résumé, le réchauffement de la planète est un problème actuel qu’aucun pays ne peut se permettre d’ignorer. Le Canada a adopté la stratégie de diminuer la quantité de déchets dans les sites d’enfouissement et l’utilisation de MRF fait partie de la solution. Plusieurs normes et lignes directrices ont été mises en place pour une utilisation sécuritaire de cette matière. Le monde agricole est donc appelé à apporter sa contribution dans cet effort international. Probablement que vous en entendrez parler dans les années à venir. 

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