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Journée de conférences en agroenvironnement 2019

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Marc Montpetit, agronome

Le 11 décembre 2019, La journée de conférence en agroenvironnement a été présentée à La Nouvelle Salle de La Pocatière. 

Lors de la journée, de l’information pratique et pertinente a été présentée sur des thèmes aussi variés que la régie des plantes fourragères, la gestion des pesticides, la fertilisation azotée du maïs, la gestion des engrais verts ainsi que sur les bandes riveraines et les avantages d’introduire des pratiques de conservation des sols.  Ces informations permettront d’outiller les producteurs agricoles et les conseillers présents sur l’impact des différentes opérations culturales sur la santé des sols et la rentabilité des entreprises, sur les performances de différentes plantes fourragères en situation de sécheresse et de changements climatiques, sur l’importance de la qualité des équipements de pulvérisation et sur l’impact économique et environnemental de l’optimisation de la fertilisation du maïs. 

Céline Georlette, agronome, est coordonnatrice de la recherche agronomique au Centre de développement agroalimentaire du Québec.  Mme Georlette a présenté une conférence intitulée « Évaluation de plantes fourragères et de leur régie répondant à un problème d’approvisionnement en fourrage lié aux déficits hydriques ». L’objectif général du projet est d’évaluer des espèces fourragères à des fins d’approvisionnement en condition de déficit hydrique.  Le projet est subdivisé en deux volets :

Volet 1: évaluation de la productivité d’espèces fourragères annuelles en compagnonnage d’espèces pérennes semées à différentes dates de semis [1]

 

Volet 2: évaluation de la productivité d’espèces fourragères pérennes potentiellement plus résistantes à la sécheresse dans différentes conditions pédoclimatiques du Québec [1]

 

Pour le volet 1, six espèces sont évaluées en compagnonnage avec un mélange de luzerne et fléole des prés, soit le trèfle d’Alexandrie, l’avoine, le millet japonais, le pois, le ray-grass annuel et l’herbe de soudan.  Le dispositif expérimental comporte trois sites d’essais avec trois dates de semis.  

Le volet 2, pour sa part, consiste à implanter des vitrines de démonstration de différentes espèces implantées en mélange avec de la luzerne, soit la fléole des prés, la fétuque des prés, la fétuque élevée et le brome des prés. 

Plusieurs données seront analysées (établissement, composition botanique, rendement, analyse nutritionnelle, survie à l’hiver, stade de récolte) pour permettre de déterminer quelles espèces et quels mélanges sont les mieux adaptées aux conditions de stress hydrique dans chacune des régions visées par le projet.

Luc Bérubé, est agronome au Groupe Pousse-vert, il nous a présenté une conférence intitulée « L’ABC d’une bonne pulvérisation ».  La présentation permettait de mettre en lumière les principaux points à surveiller pour maximiser l’efficacité d’une pulvérisation de pesticides.   

Les notions de base sont très importantes, à savoir, bien identifier sa cible et l’environnement dans lequel elle gravite, l’interaction entre les deux influence l’intervention.   Les conditions météo (vent, soleil, pluie), elles influencent la qualité de l’application.  La hauteur de la rampe, elle est en relation directe avec la cible visée, le type de buse utilisées et la topographie du terrain.  La grosseur des gouttelettes a un impact sur le patron d’arrosage ainsi que sur les risques de dérive.

Le type de buses est aussi très important.  C’est un outil de précision permettant d’ajuster le taux d’application, de maximiser la pénétration et d’obtenir le format de gouttelette adéquat en fonction de la cible.  L’entretien des buses est primordial pour permettre une utilisation optimale.  Une buse défectueuse ou endommagée diminue l’efficacité du travail.

L’évaluation de la couverture et de la pénétration permet de confirmer si une pulvérisation est efficace dans un environnement donné.  L’utilisation de papiers hydrosensibles positionnés à des endroits représentatifs de la cible à atteindre permet de voir si l’ajustement de l’équipement est adéquat.

Plusieurs autres points, tels que la qualité de l’eau, le mélange des produits, le nettoyage des résidus, l’utilisation d’un manomètre ou d’un débitmètre ainsi que le respect des recommandations, sont essentiels pour réussir une bonne pulvérisation.

Gilles Tremblay, agronome au MAPAQ, direction régionale de la Montérégie-Ouest. M. Tremblay, alors chercheur au Centre de recherche sur les grains (CEROM), a participé à la mise en place et à l’analyse d’un réseau d’essai sur la fertilisation minérale azotée du maïs, et ce, sur une période de 20 ans (1997-2017) dont voici les principales observations [2] :

  • Peu d’effet de la fertilisation minérale azotée sur la teneur en eau des grains (< 1 %).

 

  • Peu d’effet de la fertilisation minérale azotée sur le poids spécifique des grains (< 1 %).

  • Depuis 1997, la fertilisation minérale azotée a de plus en plus d’effets significatifs sur les rendements en grains.

 

  • Si le prix du maïs augmente de 25 à 50$/t, il serait économiquement rentable d’apporter de 5 à 10 kg N/ha de plus.

 

  • Il n’y a aucun lien entre les rendements et les doses économiques optimales (DÉO).

 

  • L’azote le plus rentable en terme agronomique et économique est celui que l’on n’est pas obligé d’apporter au maïs.

 

  • Selon le réseau N-CÉROM, les rendements ont progressé de 246 kg/ha/an.

 

  • Selon le réseau N-CÉROM, les DÉO ont progressé de 2,8 kg N/ha/an.

 

  • Il existe un lien fort entre les DÉO et les besoins en kg N/t produite.

 

  • Plus les DÉO augmentent, plus les besoins en azote par tonne produite de maïs sont élevés.

                        

  • Les besoins en N par tonne produite ont diminué de 30 % entre 1997-2003 et 2011-2017 (amélioration génétique ou régie ?)

 

  • Le bilan azoté global est pratiquement égal à 0 quelle que soit la période.

 

  • Le bilan azoté est plus ou moins égal à 0 pour les DÉO de 120-170 kg N/ha et de + 60 kg N/ha pour les DÉO de plus de 170 kg N/ha.

 

  • Les bilans apparents à la surface du sol auraient fléchi en moyenne de plus ou moins 2 kg N/ha annuellement pour une baisse totale de plus ou moins 45 kg N/ha au cours des 20 dernières années. 

 

  • Plus la DÉO augmente, moins le sol contribue aux rendements obtenus. Pour chaque augmentation d’une unité de DÉO, il y a une réduction de 0,3 % de la contribution du sol au rendement à la DÉO.

 

  • Les contributions des sols aux rendements absolus sont demeurées stables au cours des 20 dernières années.

 

  • Puisque les rendements moyens ont augmenté de 165 à 246 kg/ha/an au cours de cette même période, les contributions des sols aux rendements relatifs ont en moyenne fléchi de 1,4 % par année au cours des 20 dernières années.

Yannick Beauchemin, agronome et producteur agricole, a présenté une conférence sur la gestion des engrais verts sur son entreprise.  Voici un résumé des objectifs visés par l’utilisation des engrais verts :

  • Amélioration de la fertilité des sols

  • Optimisation du cycle nutritif

  • Stimulation de l’activité biologique du sol

  • Protection contre l’érosion

  • Contrôle des mauvaises herbes

  • Interruption du cycle des maladies et des insectes nuisibles

  • Augmentation de la rentabilité (bénéfices économiques)

Plusieurs exemples d’essais et d’utilisation d’engrais verts, accompagnés de photos et du coût des semences ont été décrits par M. Beauchemin, en voici quelques exemples :

  • Radis fourrager (8kg/ha) + moutarde (4kg/ha), 46$/ha

  • Radis huileux (6 kg/ha), 28$/ha

  • Ray-grass + trèfle rouge, 40$/ha

  • Radis fourrager (10kg/ha), 50$/ha

Chaque espèce permet d’accomplir des actions complémentaires telles que produire une biomasse ou un système racinaire abondant ou fixer l’azote atmosphérique.  La combinaison d’engrais vert utilisé doit être choisie en fonction des besoins et objectifs.

Marc Montpetit et Édith Sénéchal, respectivement agronome et technicienne, ont présenté un portrait de l’état des bandes riveraines, principalement dans le Kamouraska.  Voici les résultats observés :

• 19 km de bandes riveraines validées.

 

•       33% conformes

•       32% conformes, car en foin

•       35% non conformes

 

•       78% herbacées

•       8% arbustives

•       14% arborescentes

Ensuite, sous la forme d’une étude de cas, il a été démontré qu’il était avantageux monétairement (utilisation du logiciel Rotation$+) d’introduire les pratiques de conservation des sols, malgré la perte de superficie cultivable que le respect des bandes riveraines provoque.  De plus, il a été démontré que les pertes de sol en lien avec l’érosion, tant hydrique qu’éolienne, représentent un montant important si on voulait compenser ces pertes par l’achat de terre arable du commerce.  Cet exemple a permis de réfléchir à la valeur du sol, chiffre qui n’apparaît pas dans les colonnes d’une comptabilité.    

                        

À la suite de cette journée, il est primordial de comprendre que la vie et la santé des sols, la gestion du sol, la machinerie utilisée, la gestion de la fertilisation, les pratiques culturales, le climat, la gestion des pesticides, les coûts de production, les rendements et la rentabilité sont étroitement liés. Ces interactions doivent être interprétées comme faisant partie d’un même tout. Les techniques de conservation des sols, dans un contexte de changements climatiques, sont des incontournables dans une optique de réduction des impacts environnementaux, de la protection de la santé et du milieu, de l’augmentation de la fertilité, de la réduction des intrants et de l’augmentation de la rentabilité.

[1] Évaluation de plantes fourragères et de leur régie répondant à un problème d’approvisionnement en fourrage lié aux déficits hydriques, Céline Georlette, présentation PowerPoint, 11 décembre 2011.

[2] Évaluation des besoins en azote du maïs, Gilles Tremblay, présentation PowerPoint, 11 décembre 2011.

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