La Caravane Santé des sols
Marc Montpetit, agronome
Les jeudi et vendredi, 11 et 12 octobre 2019, le GCACS a eu la chance et le plaisir d’accueillir la Caravane Santé des sols du MAPAQ.
«La Caravane Santé des sols n’est pas un véhicule, mais bien une équipe de quatre conseillers du MAPAQ. Ceux-ci font le tour de la province pour former des producteurs sur différents aspects liés à la santé des sols : les profils de sol, la perméabilité du sol et le drainage, la vie dans le sol et la stabilité structurale du sol ainsi que le balancement du tracteur et l’ajustement de la pression des pneus. Ces ateliers se déroulent à la ferme, en rotation durant la journée.»[1]
Les ateliers présentés ont mis en lumière l’importance pour une entreprise agricole d’avoir un sol bien structuré, un sol en santé, ainsi que l’influence des différentes opérations au champ sur la vie et la santé du sol.
Odette Ménard, ingénieure et agronome, a vulgarisée les différentes interactions entre la vie microbienne du sol, le système racinaire des cultures et les pratiques agricoles de conservation. En effet, les pratiques agricoles influencent directement la vie du sol. Mme Ménard a insisté sur l’importance de préserver des racines vivantes le plus longtemps possible, donc d’inclure des engrais verts dans notre système de culture, dans le but de maximiser les échanges entre la plante, les bactéries et les champignons mycorhiziens et ainsi induire la production de glomaline. La glomaline est une protéine qui agit comme un liant favorisant l’agrégation des particules de sol. «Ces agrégats offrent au sol une structure qui lui permet de résister à l’érosion, de retenir de l’eau et les minéraux et même d’améliorer l’aération du sol.»[2]
«La diversification des cultures permet d’intégrer facilement des engrais verts dans la rotation soit en intercalaires ou en dérobés. Cette pratique s’avère un moyen efficace d’entretenir une bonne structure des sols sur la ferme. D’une part elle apporte de la matière organique jeune, favorable à l’activité biologique. D’autre part, elle maintient une forte présence de racines dans le profil de sol. Finalement, le couvert végétal obtenu par la culture d’engrais vert protège le sol à l’automne.»[3]
Bruno Garon, ingénieur, nous a entretenus sur l’importance de l’équilibrage des tracteurs ainsi que sur le fait d’avoir la bonne pression dans les pneus. L’utilisation de la machinerie influence la santé du sol. Il est donc primordial de l’utiliser dans les meilleures conditions possibles. La météo ne permettant pas l’utilisation du dispositif permettant de démontrer l’effet de tassement du sol à différentes profondeurs, M. Garon a utilisé une présentation orale pour expliquer l’importance du balancement de la machinerie et l’impact de son utilisation sur la structure du sol. Le passage d’une citerne de lisier, machinerie très commune dont l’utilisation est répandu, dans des conditions ou la portance du sol n’est pas idéale, a des répercussions jusqu’à une profondeur de 24 pouces.
À court/moyen terme, une telle utilisation a des conséquences négatives sur la santé du sol telles que la déstructuration, une diminution de la porosité, une diminution de l’infiltration, une diminution de la rétention d’eau, une diminution de l’activité biologique et ultimement, une diminution des rendements.
La compaction a aussi un impact majeur sur la gestion de l’eau au champ. Un sol en santé permet une meilleure infiltration ainsi qu’une meilleure rétention. Il est important d’analyser correctement une problématique d’infiltration et de bien comprendre que le drainage souterrain n’est pas la solution à tout. Le drainage souterrain fait partie du système de gestion de l’eau. Il permet d’abaisser la nappe phréatique et fonctionne en complémentarité avec le drainage de surface.
Comment savoir si mon sol est en santé? Quelles sont les solutions à mes problématiques? Ces questions, on peut y répondre en observant notre sol par le biais d’un profil. Ermin Menkovic, agronome, nous a informés sur les caractéristiques physiques et biologiques à surveiller lors de l’étude d’un profil de sol :
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Détermination des différents horizons. Permet de relier les problématiques aux pratiques culturales en fonction de la profondeur de celles-ci
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Texture du sol (légère, moyenne, lourde)
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Structure. Présence ou non d’agrégats, forme et grosseur de ceux-ci. Présence de compaction?
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Couleur et odeur. Permet de déterminer des zones où l’aération est déficiente
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Marbrures. Permet de déterminer la hauteur de la nappe phréatique et donne des indices sur sa vitesse de rabattement
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Présence de résidus. Permet de déterminer des zones où l’aération est déficiente
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Présence de racine. Leur forme, leur abondance, leur profondeur et leur répartition dans le profil sont autant d’indices pour déterminer l’ampleur d’une compaction
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Macroporosités. Abondance et dimensions
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Présence de vers de terre
La somme des observations permet d’émettre un diagnostic sur la condition du sol. Le diagnostic permet de déterminer les problématiques et de mettre en place une stratégie pour solutionner la situation. De plus, il est important de déterminer l’origine de la problématique pour éviter que celle-ci ne survienne à nouveau. À qui la pelle?
En complément, Ayitre Akpakouma, agronome, nous a présenté les résultats du projet «bobettes», projet qui consistait à enterrer des sous-vêtements de coton pour ensuite les déterrer et évaluer la présence de micro-organismes en fonction du pourcentage de dégradation du vêtement. Les résultats seront disponibles sous peu.
Suite à cette journée, il est primordial de comprendre que la vie et la santé des sols, la gestion de l’eau, la machinerie utilisée et les pratiques culturales sont étroitement liées. Il faut donc évaluer les actions posées sur l’entreprise de façon systémique. Il faut avoir une vision globale de l’entreprise pour déterminer la réaction qu’une opération produira. Cette vision nous permet de choisir les stratégies ayant le plus d’impacts positifs, et limiter celles qui provoquent une diminution de la qualité des sols.
Ce projet a été réalisé dans le cadre du volet 3,2 du programme Prime-Vert 2018-2023 et il bénéficié d’une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.
[1] Bruno Garon, conseiller en machinisme agricole et en conservation des sols, MAPAQ, Saint-Hyacinthe.
[2] Dumont André. 2016. Le bulletin des agriculteurs.
[3] Club agro environnemental du CDA et Centre de développement d’agrobiologie. 2000. La structure du sol – Un élément clé de sa
fertilité.